Henri Guillemin : analyses et réflexions

Pourquoi replonger dans l’œuvre d’Henri Guillemin après l’article et la vidéo que je lui ai consacrés ? Plusieurs raisons. D’une part, le regret d’avoir mal fait le tour de mon sujet, de ne pas m’être consacré à l’époque sur des points qui me semblent, aujourd’hui, importants. D’autre part, parce que de plus en plus, mon travail avec Veni Vidi Sensi m’a poussé à tenter de décortiquer non seulement les clichés véhiculés par le roman national classique (que je condamne régulièrement, mais qui me semblent être une cible assez facile) mais aussi ceux auxquels je peux être tenté d’adhérer pleinement par mon « ego militant ». En d’autres termes, je pense qu’il est très important, lorsque l’on analyse l’histoire sous un angle engagé, de régulièrement remettre en question les points de vue qui nous séduisent car en accord avec nos idées. J’en ai un peu parlé dans ma vidéo sur l’illusoire neutralité en Histoire.

Or, avec Guillemin, je suis en plein dans ce phénomène : l’homme et ses idées m’ont d’abord fait l’effet d’un véritable coup de foudre, tant cette vision proposée me semblait confortable. Puis sont venus les doutes, l’envie de creuser, de contester, pour aboutir à un travail peut-être moins confortable, mais plus satisfaisant intellectuellement, et donc plus utile politiquement. Un deuxième électrochoc en la matière m’est venu après la parution de ma vidéo sur Guillemin, qui est l’un des principaux succès de la chaîne, mais aussi l’une des vidéos qui m’ont valu les plus véhémentes critiques. Ce ne sont pas tant les critiques elles-mêmes, que la nature de certaines, qui m’ont frappé : trop avaient un caractère complotiste allant du « qui te paye ? » au plus douteux encore « es-tu Juif ? »

Lorsque j’ai écrit et tourné l’article et la vidéo sur Guillemin, il y a maintenant presque deux ans, j’avais énormément sous-estimé la récupération de son œuvre par les réseaux conspirationnistes et une frange de l’extrême-droite. Cela me semblait n’être qu’une curiosité dérisoire, découlant des partages d’Etienne Chouard, lui-même très trouble dans ses relations. Guillemin, pour sa part, avait toujours été très clair sur ses engagements, et ne pouvait pas être trop mêlé à des réseaux comme celui d’Alain Soral. Et pourtant ? A y réfléchir de plus près, j’ai commencé à cerner des aspects de son travail qui, bien involontairement, j’en suis certain, ont ouvert la porte à de telles récupérations et rendent la critique de Guillemin nécessaire, tant ces récupérations sont dangereuses.

Et cette critique, justement, est finalement peu existante. Elle est outrancière (j’avais cité dans ma vidéo celles de Pompidou) mais le seul exemple réel de critique universitaire approfondie était celle de Régine Pernoud sur Jeanne d’Arc, que je n’avais pas pu lire à l’époque. C’est depuis chose faite, et force est d’avouer qu’avec des arguments bien convaincants, la médiéviste de renom a su mettre le doigt sur bien des travers de Guillemin. Mais je ne suis pas médiéviste, et bien en peine de m’étendre sur ce sujet. C’est pour cela qu’à mon tour, je me suis consacré à une analyse sur un sujet que je connais mieux ; la Révolution française, à travers le décryptage des biais et qualités de Silence aux pauvres !, essai que Guillemin a publié en 1989.

J’espère pouvoir, ultérieurement, publier ici d’autres ressources venant compléter mon travail d’analyse sur l’œuvre d’Henri Guillemin, qui me semble mériter de telles études au-delà des attaques politiques (et, à l’inverse, de la défense aveugle et acharnée, mais bien peu scientifique) dont il a été l’objet.

Henri Guillemin photographié en 1980 par Erlin Mandelmann (CC-BY-SA)

Silence aux pauvres ! ; un essai d’analyse : avec ce document PDF d’une soixantaine de pages, j’essaie de confronter l’analyse de Guillemin à l’historiographie récente (souvent plutôt orientée à gauche, ce qui désamorce à mon avis toute suspicion d’attaque politique) et de souligner certains biais de son approche, et leurs risques.

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